Le corps / Il corpo
Paru en octobre 2024
Inschibboleth Éditions - Phasis
Disponible
Prix : 20,00 €
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268 pages - 15,7 × 23 × 1,4 cm
ISBN 978-88-5529-495-9 - octobre 2024
Présentation
Est-il possible de philosopher sur le corps ou faut-il arracher la pensée de cette question? Entre les philosophes qui s’inscrivent dans l’héritage de Nietzsche, pour qui toute pensée est l’expression du corps, et ceux qui considèrent que le corps est un obstacle à la pensée, il existe plusieurs registres de réflexion, de la plus matérialiste à la plus vitaliste, en passant par le registre du monde, qui implique que nous remettions le corps au centre de nos préoccupations. Le corps est donc duel, jamais totalement en équilibre avec le concept, jamais complètement adéquat aux définitions qu’on lui donne. C’est que toute pensée du corps touche à une limite, qu’elle soit phénoménologique, théologique, métaphysique, phénoménologique ou politique. Husserl aura marqué la différence entre le corps propre, le corps vivant (Leib), et le corps physique (Körper), indiquant ainsi qu’au cœur de l’intersubjectivité, il existe une phénoménologie du corps (Leib) opposé à une autre acception du corps, en tant que corps physique (Körper). Corps à corps, pour ainsi dire. Leib/Körper, couple phénoménologique désormais mythique, dont les géométries linguistiques variables sont une invitation à méditer la pluralité des corps que nous sommes : Leibkörper, Körperleib, Körperliche Leib, pour ne citer que ces trois exemples. Entendons par là que le Leib n’est jamais complètement éloigné du Körper, jamais dissocié entièrement de lui, et inversement. Il en résulte des subtilités de traduction conservant l’irréductibilité de l’une ou de l’autre appellation : corps vivant, et non pas chair, pour le mot Leib. Dès lors, le passage de l’ego cogito cogitatum à autrui, tel qu’il se pose dans la Ve Méditation cartésienne de Husserl, représente une véritable philosophie du corps, du corps propre, du Leib, confronté au corps propre et au corps vécu d’un autre que lui. Posons la question autrement : l’un est mon corps propre, le seul corps vécu que je possède, mais le corps de l’autre, le corps d’autrui, quel est-il?
Le dossier que nous donnons à lire sur le corps met en scène ces multiples variations, phénoménologiques ou pas. Il y va de la constitution même de l’intersubjectivité qui ouvre sur la question du monde. De quelle manière sommes-nous au monde? Par le corps, par le moi solipsiste qui fait l’expérience de l’alter ego, par la rencontre avec la transcendance d’autrui? A quel moment l’intersubjectivité s’inverse-telle en objectivité? Dans tous les cas de figure, l’expérience d’autrui, comme l’expérience du monde, implique le corps, et c’est donc au corps même, comme à la chose même, que nous revenons ici dans ce dossier, comme autant de variations sur un seul thème.