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L’humanité à son insu

Grégori Jean

L’humanité à son insu Phénoménologie, anthropologie, métaphysique

Paru en octobre 2020

Association intenationale de phénoménologie

Disponible
Prix : 24,00 €
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306 pages - 16 × 24 cm
ISBN 978-2-916484-13-6 - octobre 2020

Présentation

Ce livre se propose de croiser différents thèmes propres à l’air du temps philosophique: un engouement pour le problème du « réalisme », une redistribution des cartes censées circonscrire le champ de ce qui est « humain » et de ce qui ne l’est pas, une certaine interrogation inquiète sur le sens de la « métaphysique », une angoisse enfin, que nous n’avons pas fini d’éprouver, devant un monde qui s’effondre et qui se révèlera bientôt inhabitable. Mais il n’entend le faire qu’en les examinant à la lumière de la reconfiguration radicale du problème anthropologique qu’avait opérée la philosophie moderne dans sa rupture avec l’ontologie antique et médiévale – et de la tension qui s’en avère constitutive. Si l’homme n’y est en effet plus conçu comme un étant doté de telle ou telle constitution naturelle mais, ultimement, comme un certain type de rapport à l’étant comme tel ou comme un mode de phénoménalisation du « réel », il n’en demeure pas moins impossible, dès lors que cet ordre du phénomène se trouve ainsi arraché à l’ordre de la nature pour devenir le lieu de sa manifestation, d’y déceler le moindre coefficient anthropologique intrinsèque sans le réinscrire dans une nature à laquelle le retour au phénomène avait justement pour fonction de nous ménager un accès « non naturel ». Ces nouvelles coordonnées de la « question de l’homme » permettent alors de formuler une double hypothèse. D’une part, ce que nous avons pris l’habitude de nommer, avec et après Kant, « subjectivité transcendantale », pourrait n’avoir d’abord qu’une signification négative: serait transcendantale toute subjectivité qui, ne pouvant plus emprunter à sa connaissance extrinsèque du réel le savoir de son inscription ontique dans l’étant homme, et ne trouvant par ailleurs dans l’immanence de ses propres vécus aucun critère intrinsèque lui permettant de s’en assurer, ne saurait se désigner comme une subjectivité humaine et appréhender le réel comme un « réel-pour-l’homme » qu’en succombant à ce que nous identifierons ici comme un « paralogisme anthropologique ». Mais d’autre part, toute la difficulté serait alors de ne pas céder « dogmatiquement » à un second paralogisme qui n’est jamais que l’envers du premier, et qui conduirait la philosophie à convertir cette signification négative – la subjectivité ne se vit jamais comme « humaine » et ne vit dès lors jamais le réel comme « humanisé » – en une signification positive, et ainsi à soutenir que nous ne nous rapportons aux « choses mêmes » qu’à la condition proprement « métaphysique » que nous nous vivions comme, et finalement que nous soyons autre chose que des hommes.
Que la phénoménologie, dans sa manière d’hériter de la position moderne de la question de l’homme, ait elle-même échoué à se tenir à égale distance de ces deux paralogismes, et qu’elle n’ait ainsi pu appréhender l’unité du phénoménologique, de l’anthropologique, et du métaphysique qu’en tombant dans une série de contradictions qui marquent peut-être autant d’étapes de son histoire, n’empêche qu’elle affrontait un problème bien posé – un problème plus que jamais au cœur de notre actualité philosophique et que le présent ouvrage se propose de résoudre: comment comprendre « la place de l’homme », non plus dans la nature, mais dans l’apparaître lui-même?
[Présentation de l’Éditeur]