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D’un sensible l’autre

Jocelyn Benoist

D’un sensible l’autre Sur la signification métaphysique des sensibles

Paru en février 2022

Société Française de Philosophie - Bulletin de la Société Française de Philosophie

Disponible
Prix : 11,00 €
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54 pages - 15,5 × 24 × 0,4 cm
ISBN 978-2-7116-5098-9 - février 2022

Présentation

On partira d’une représentation qui, sous diverses formes, a dominé une part importante de la philosophie du XXe siècle : celle de « la fin des arrière-mondes ». On essaiera de comprendre comment la récession du désir d’évasion en direction de quelque chose qui serait désigné comme suprasensible n’a pas reconduit la philosophie contemporaine, tant s’en faut, vers une prise en compte du sensible comme tel. La philosophie contemporaine, dans l’ensemble, certes, ne raisonne plus en termes d’opposition entre un sensible et un suprasensible et ne se donne plus comme tâche prioritaire le passage de l’un à l’autre, mais on peut avoir l’impression que, en perdant le sens du suprasensible, elle a perdu celui du sensible aussi.
Pour essayer d’en comprendre les raisons, on reviendra sur la fameuse fable nietzschéenne du Crépuscule des idoles et on proposera diverses interprétations de la fin du « platonisme » que, apparemment, il faudrait diagnostiquer à sa lumière. On discutera si cette fin, ainsi que ceux qui l’ont thématisée ont pu parfois le croire, doit être interprétée comme un retournement ou comme un renversement, ou bien si ce motif n’offre pas d’autres possibilités : si sortir du platonisme ne consiste pas en autre chose que le renverser.
La représentation d’une telle sortie n’est cependant possible que si l’on parvient à la juste appréhension de ce dont on serait censé sortir ou être déjà sorti. On rouvrira donc la question de la constitution platonisante du rapport métaphysique au sensible – ce qui conduira aussi bien à faire réentendre l’ambiguïté et la tension inhérentes à la notion de métaphysique, quelque peu étouffées aujourd’hui. Plutôt que d’y voir une pure et simple occultation du sensible, on y reconnaîtra une façon de prendre en charge la réalité du sensible et, en fait, l’invention même de ce sensible comme tel. On mettra en lumière, à cet égard, un double mouvement : comment la métaphorisation métaphysique du sensible est indissociable de sa constitution en genre unifié par le moyen d’une synecdoque. À partir de là, on pourra réfléchir sur les différentes façons dont le sensible, plutôt que de voir sa réalité s’effacer avec la métaphore métaphysique qui l’avait produit au profit d’une « métaphysique sans métaphore », ce rêve constitutif de la philosophie moderne, peut aujourd’hui être remis en jeu dans sa diversité, en déplaçant les leviers mêmes actionnés par le platonisme pour le constituer.

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