Sur l’ontologie grise de Descartes Science cartésienne et savoir aristotélicien dans les Regulae
Paru en mars 1993
Vrin - Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie
Disponible
Prix : 28,00 €
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224 pages - 13,5 × 21,5 × 1,4 cm
ISBN 978-2-7116-0549-1 - mars 1993
Présentation
L’interprétation des Regulae ad Directionem Ingenii soulève un problème spécifique : premier ouvrage construit, il n’en reste pas moins inachevé, inédit, et comme dissimulé par son auteur lui-même, qui n’en fait aucune mention dans ses œuvres ultérieures, ni dans sa correspondance. La plupart des critiques ont tenté de la comprendre à partir de la problématique de la méthode et du Discours de 1637. D’où d’évidentes impasses, puisque les concepts originaux des Regulae, précisément, disparaissent dans le moment postérieur qu’ils ont rendu pourtant possible. Il restait une voie : déterminer les Regulae comme un dialogue avec un interlocuteur jamais nommé, avec lequel la pensée du jeune Descartes, l’aurore d’elle-même, devait s’expliquer pour devenir cartésienne; cet interlocuteur, c’est Aristote.
En retrouvant les textes aristotéliciens qu’interrogent chacune des regulae, on dégage une polémique. Elle contribue déjà à éclairer le point de départ de la doctrine cartésienne de la science. Mais il y a plus : l’épistémologie ne s’établit pas en réfutant une autre épistémologie, mais en récusant une ontologie. Et l’ontologie d’Aristote. Descartes conquiert donc, avec son épistémologie, rien moins qu’une ontologie; Ontologie grise, parce qu’elle ne s’avoue pas comme telle. Ontologie grise, parce que la griserie de l’épistémologie qu’elle permet semble la dispenser de se méditer comme telle. Ontologie grise, mais déterminante pour la métaphysique cartésienne, et pour nous, donc.
L’Auteur
Jean-Luc Marion, de l’Académie française, est professeur émérite de l’Université Paris- Sorbonne et Andrew Thomas Greeley Professor à The University of Chicago