Covid et vulnérabilité

Présentation

À l’heure où nous bouclons ce premier numéro, la crise sanitaire n’est plus au premier plan. La guerre en Ukraine nous affecte et nous touche. Nos pensées vont vers l’Université catholique de Lviv et l’ensemble des populations impactées. Face à cette réalité qui nous laisse sidérés et impuissants, il nous revient néanmoins de chercher à la penser, comme il nous revient de manière plus large, de penser les vulnérabilités. La sidération doit laisser place à la vigilance, à la quête de sens et au soutien.
Le thème du présent dossier aborde donc la Covid en prenant comme porte d’entrée les vulnérabilités. En effet, au-delà des incertitudes et des bouleversements dans lesquels la pandémie plonge nos sociétés, la crise liée au SARS-CoV2 agit comme un révélateur. Elle vient en particulier mettre en lumière la fragilité de nos équilibres – physiques, psychiques, économiques, sociétaux et environnementaux. Elle exacerbe la vulnérabilité comme une donnée intrinsèque de la vie humaine et nécessite de ce fait d’être questionnée à partir de champs disciplinaires représentatifs des sciences du vivant comme des sciences humaines et sociales. La biologie, la théologie, le droit, l’éthique, la philosophie et la psychologie tissent les fils d’une réflexion qui ne prétend pas à l’exhaustivité mais compose un ensemble dans lequel les disciplines déploient leur complémentarité.
Les contributions s’articulent autour de plusieurs axes :
Le contexte et en particulier les facteurs écologiques, épidémiologiques et biologiques expliquant l’émergence de la pandémie,
Le vécu, les représentations de la crise et l’expérience durable du trouble qu’elle manifeste,
Les effets à court et moyen terme : l’impact environnemental, les changements et les initiatives suscités, qu’ils soient scientifiques, juridiques, lexicaux, religieux ou éthiques.
Tout au long de ce dossier, plusieurs échelles sont envisagées: locale, nationale et internationale. Différents moments sont observés: confinement, dé-confinement, mise en œuvre de la vaccination. Des populations variées sont étudiées : des étudiants aux détenus en passant par les personnes porteuses d’un handicap.
Les « varia » qui prolongent ce premier numéro comprennent deux articles: celui de l’africaniste André Mary tout d’abord qui nous propose une traduction anglaise de son « Conversation et conversion » à partir de la grande œuvre du couple des Comaroff (Jean et John L.). La « Conversation », telle que ces anthropologues la conçoivent, n’est pas très éloignée de l’idée de traduction » proposée ensuite par Benoit Bourgine dans le texte de sa conférence donnée au collège doctoral de l’UCLy en octobre 2020. Dans ces deux situations, les auteurs cherchent un vocable susceptible de dire la rencontre: entre disciplines (Bourgine), entre cultures et religions (Mary).
La rencontre: c’est avec cette perspective que nous ouvrons ce premier numéro, souhaitant que cette nouvelle revue participe à la rencontre entre disciplines, entre chercheurs et, bien entendu, avec ses lecteurs.
[Présentation de l’Éditeur]